Le choix de Rudi Garcia de faire entrer le Camerounais sur un côté gauche fragilisé, à l'heure de jeu, a fait basculer la rencontre.
Non, cette fois, il n'y eut pas ce fameux pointu du droit, geste pour lequel Clinton Njie fut longtemps moqué. Non, cette fois, à l'issue d'une action qu'il avait initiée d'un contrôle orienté de la poitrine somptueux, l'attaquant marseillais enroula pied droit et fit basculer le Stade-Vélodrome dans une forme d'infinie ivresse. Il était un peu plus de 22 h 20 hier soir, et cette enceinte, déjà secouée par une passion incroyable depuis des heures, chavira dans une folie presque indescriptible. Il y avait eu le tremblement de Newcastle il y a quatorze ans tout juste sur le but de Didier Drogba... Il y a eut sans doute, à cet instant, le tremblement de Salzbourg avec ce but de Njie (63').
Il fallait alors prendre le temps de se lever et d'observer l’état de transe du stade durant ces trente secondes pour le mesurer pleinement. La crinière blonde du Lion indomptable (24 ans) s'agita jusqu'à être ensevelie sous ses partenaires. Njie s'en alla ensuite frapper dans les mains du banc marseillais, de Lucas Ocampos puis de Rudi Garcia, l'homme qui l’avait fait entrer deux minutes et quarante-deux secondes plus tôt. Une tape dans le dos, un grand sourire et un technicien pas mécontent du tour qu'il venait de jouer. Car si Marseille se déplacera dans une semaine à Salzbourg avec deux buts d'avance, l‘entraîneur marseillais y a une part de responsabilité conséquente.
Sept minutes de flottement
On a suffisamment critiqué l’ancien technicien romain pour ses fragilités dans les grands rendez-vous pour ne pas louer ce choix. Car au-delà de l’efficacité immédiate de Njie, Garcia identifia rapidement que son côté gauche prenait l‘eau.
La blessure de Lucas Ocampos à un tendon d'Achille à la 50’ minute avait rendu poreux un secteur déjà fragilisé depuis plusieurs minutes. Le replacement de Maxime Lopez dans ce couloir n'était pas efficient. Pis, l’international Espoirs, qui avait donné beaucoup en première période, ne parvenait plus à faire les quelques mètres pour cadrer les montées de Stefan Lainer. Et quand il le faisait, Lopez se montrait maladroit. À la 53’ minute, le latéral autrichien aurait dû ainsi obtenir un penalty consécutif à une faute du minot. Trente secondes plus tard, Lopez n'était pas non plus en couverture d'Amavi pour empêcher Wolf d'expédier une frappe, détournée par Pelé.
Il a fallu sept minutes pour que Garcia change définitivement le cours de cette rencontre et sorte Lopez pour faire entrer Njie (60'). L’ex-Lyonnais multiplia les courses dans ce couloir et, au-delà de son but si important, au-delà de son travail défensif si précieux, offrit des séquences de possession tellement utiles à un OM sous pression. Le Camerounais ne laissa échapper Lainer qu’une seule fois (72e), ce qui offrit une frappe (au-dessus) à Dabbur. Une simple péripétie dans la nuit marseillaise. Qui avait basculé douze minutes auparavant...
HUGO DELOM